Par Luis Solano
Chères et Chers Collègues,
Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui à Paris, au Palais des Congrès, Membres et Nouveaux venus, pour le VIIème Congrès de l’AMP et au nom de la formidable Commission d’organisation que j’ai eu le plaisir d’animer, je vous souhaite la bienvenue.
Venant nombreux du monde entier pour honorer ce rendez-vous, vous témoignez par votre présence du transfert de travail à l’œuvre dans notre communauté. La clé de voûte de ce transfert est l’enseignement du Dr Lacan et le discours analytique dont l’agalma précieux oriente notre action.
Sans le moteur du transfert de travail qui propulse la mise en acte de notre désir, nous ne pourrions nous rencontrer aujourd’hui, persévérant ainsi dans la série de scansions bienales qui se poursuit dans notre champ depuis juillet 1980, où Lacan se rendant à Caracas allait rencontrer ses lecteurs inconnus. Nous ne sommes pas cependant ici pour accomplir un rite, une commémoration religieuse à titre de sacré-ment. Si nous sommes les élèves de Lacan, nous nous inscrivons dans les effets de son enseignement et nous avons à prendre en charge, à notre tour, la responsabilité qui nous revient en ce monde, celle de faire ex-sister le discours analytique.
Le 8 avril 1975, Lacan évoquait dans son Séminaire R.S.I., ceci : l’avènement du discours analytique inauguré par Freud, n’ek-sistant que par la grâce du transfert et fondant un lien social inédit, le lien « de nos jours émergeant », ajoutait-il. À cette occasion, Lacan rappelait qu’il ne faut pas croire que parce qu’il n’y a plus d’Inquisition, le discours du maître, le discours universitaire et le discours de l’hystérique, voire les autres types de liens sociaux ainsi définis, n’étoufferaient pas sa voix. Et quand Lacan indique au cours de cette leçon qu’ « Il faut ce trans le ramener à sa juste mesure », c’est pour nous proposer une orientation qui est celle de « la pérégrination sans fin ! ». Il n’y a pas de mission de vérité pour le psychanalyste qui relève de la formation lacanienne puisque la vérité ne peut que se mi-dire. Aucune mission de transcendance pour la politique lacanienne, ni d’apôtres d’une ontologie fondé sur la croyance à l’être de l’analyste, mais plutôt le pèlerinage sans fin d’une passe toujours à recommencer.
Avec Semblants et sinthome, nous avançons vers la zone caractérisant ce qui de la jouissance échappe au traitement par le Nom du Père et par l’objet a en tant que noyau élaborable de la jouissance. Nous sommes ici orientés par le tout dernier enseignement de Lacan à vouloir élucider ce qui relève de la jouissance propre au symptôme, en tant que jouissance « opaque » parce qu’elle exclut le sens.
Nos travaux rendront compte de nos avancées sur ce terrain, dans le droit-fil de l’orientation vers le réel. Notre thème nous invite à élucider au cœur de l’expérience analytique le réel en jeu, lequel relève du hors sens et se trouve ainsi disjoint du semblant. Il s’agit alors de « mettre en évidence dans nos travaux le bord de semblant qui situe le noyau de jouissance. » [1] . Cette perspective relève du réalisme, puisqu’elle fait de l’impossible en jeu, sa boussole.
Dans ce sens, la politique de la passe qui est la politique de l’Ecole, comporte de savoir qu’il y a un réel enjeu dans la formation du psychanalyste. Ne pas forclore ce réel implique aussi que l’Ecole sache à tout moment de sa vie institutionnelle, trouver le bon ajustement caractérisant l’antinomie ou l’accord entre le réel en jeu ainsi que les semblants qui l’appareillent. [2]
Le Congrès qui nous réunit aujourd’hui marquera sans doute une scansion importante dans notre communauté de travail. Chaque participant apportant une contribution au programme s’avancera seul, aussi seul qu’il est dans son rapport à la cause analytique. Chacun fera entendre sa voix, apportant une interprétation du sujet en question, laquelle se déclinera sur le versant politique, épistémique et clinique.
[1] J.Alain Miller, Semblants et Sinthome, La Cause freudienne, N° 69.
[2] J.Alain Miller, Politique lacanienne, 1997-1998, Collection Rue Huysmans, page30
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